dimanche 27 mars 2022

Mikhaïl Boulgakov / Coeur de chien

 



Mikhaïl Boulgakov 

Coeur de chien


Cœur de chien

Mikhaïl Boulgakov
Traduit du russe par Vladimir Volkoff
Le Livre de poche
157 pages

19 février 2012



4ème de couverture

Quand Mikhaïl Boulgakov publie Cœur de chien en 1925, la Russie soviétique bénéficie d'une relative liberté créatrice avant la nuit noire du stalinisme qui s'annonce. En d'autres temps le sujet de son roman lui aurait valu quelques années de goulag. Que l'on en juge ! Un professeur greffe sur un chien ramassé dans les rues de Moscou l'hypophyse d'un individu qui vient de mourir. L'animal se métamorphose alors en un petit homme ivrogne, grossier et méchant : le donneur était un voyou alcoolique et sans scrupule. Et voilà le professeur harcelé et poursuivi par des comités étatiques et prolétariens en tout genre, guidés et fanatisés par le chien devenu homme. Et pire, homme de parti ! Comme toujours chez Boulgakov, l'irrationnel, la dérision et la folie rejoignent une réalité cauchemardesque. L'écrivain demeure le plus grand et le plus lucide des chroniqueurs satiriques de cette époque totalitaire et tragique. Traduction nouvelle de Vladimir Volkoff.

Biographie de l’auteur :

Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov, écrivain et médecin russe d'origine ukrainienne, est né à Kiev le 15 mai 1891. Il meurt à Moscou le 10 mars 1940.

Son œuvre la plus connue est Le Maître et Marguerite. « Cœur de chien » écrit en 1925, n’est  publié en URSS qu’en 1987. Tout au long de sa carrière, Mikhaïl Boulgakov  est confronté aux difficultés de la censure soviétique.


Mon avis :

Un chien errant, S.D.F. ébouillanté par un cuistot de cantine pleure et se lamente, hésitant entre sa douleur et la faim qui le tenaille. En bon chien, il ne peut s’empêche de mater tous les humains qui passent et sa tendresse pour eux est proportionnelle à leur égoïsme.  Arrive un homme, le Bienfaiteur qui l’emmène avec lui, lui donne à manger, l’autorise à coucher sur son tapis…. La Béatitude, le Bein-Être….. tout cela grâce à LUI, Philippe Philippovitch !!! un docteur, pardon, un Professeur es-rajeunissement en tout genre. En, quelques semaines, il prend 8 kilos, c’est dire si On s’occupe de lui.

Mais, l’Ennemi rôde en ces périodes révolutionnaires. Quoi, ce professeur habite un appartement de 7 pièces en ses périodes où l’on a droit à 1 pièce chacun !!!! Le Comité d’immeuble va changer tout ça !!!! Halte au Capitalisme !!!! Mais bon, notre Professeur a des amis hauts placés (ça sert à toute époque) et les membres du Comité s’en vont la queue basse, bien qu’ils ne soient pas des chiens, mais d’honnêtes prolétaires !

Revenons à Bouboul, puisque tel est le nom de l’ex SDF. Son 6ème sens se met en éveil lorsque Philippe Philippovitch Transfigouratov le conduit dans la salle de soins brillamment éclairée. Arrive le Docteur Ivan  Arnoldovitch (alias le Mordu) qui lui pose un tampon d’éther sur le museau. Voici notre Bouboul au pays des rêves et des hallucinations.

Alors se déroule une opération incroyable, mais je ne vous en dirai pas plus. Au réveil, Bouboul se sent tout chose et, petit à petit, nous assistons à sa transformation en un humain des plus rustres, impolis, ivrogne et voleur…. S’en suit une cascade de quipropos ou des à propos de qui, qui m’ont bien fait rire.

Ce livre amène à plusieurs réflexions :

Qui est le plus humzazyain, bouboul le chien ou bouboulov ? L’on trouve de l’humanité chez Bouboul alors que Bouboulov n’est qu’animalité.

Quant à la transformation du chien, Mikhaïl Boulgakov parle des expériences scientifiques dont le parti est si friand. Pourquoi personne ne semble abasourdi par cette mutation ? La scène des papiers d’identité de Bouboulov est un modèle d’absurdité.

Cette satire m’a faite rire. L’auteur dépeint très bien les mœurs politiques des années 20 en URSS. Schwonder donnant un bouquin d’Engels à Bouboulov !!!! Les membres du comité d’immeuble, plein du discours bolchévique, sont bornés et absurdes. La bourgeoisie n’est pour autant pas épargnée. Un vrai festival !

Est-ce le cauchemar d’un corniaud recueilli et en pleine digestion ou la réalité ? Mais, il y a ces cicatrices… Si vous voulez en savoir plus, suivez la queue du chien plutôt le cœur du chien. C’est un pur moment de lecture déjantée, mais pas que.

Colimasson, je ne dirai qu’un mot : merci. Grâce à toi, j’ai passé un très bon moment






Quelques extraits :

Hou ! Hou ! Hou ! Hou ! Hou ! Hou !... Oh regardez-moi, je crève. Sous porte cochère, la neige me chante mon requiem, et je hurle avec elle. Crevé, je suis crevé. Un gredin au bonnet crasseux, le cuisiner de la cantine diététique pour les fonctionnaires du Conseil Central Economique populaire, m’a jeté de l’eau bouillante et m’a brûlé le flanc gauche. Quel saligaud, tout prolétaire qu’il est ! Seigneur, mon Dieu, comme j’ai mal ! Je suis ébouillanté jusqu’à l’os. Alors Je hurle, je hurle, mais ça n’aide pas de hurler.

De tous les prolétaires les concierges sont les pires des ordures. C’est des épluchures d’homme, c’est la plus basse catégorie. Les cuisiniers, ça dépend.

Parce que lui, il ne lui fait pas ça à la papa : il lui inflige l’amour à la française. Entre nous, ces Français, ce sont des cochons, encore qu’ils boustifaillent bien, et toujours avec du vin rouge

Si vous prenez soin de votre digestion, je vous donne un bon conseil : ne parlez à table ni de bolchévisme ni de médecine. Et que Dieu vous préserve de lire des journaux soviétiques avant le dîner.



ZAZY LIT






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