Fernanda Melchor |
L'écrivaine mexicaine Fernanda Melchor dépeint une jeunesse perdue entre violence, bestialité du désir et misogynie dans son nouveau roman, "Paradaïze" (Grasset). Elle est notre invitée aujourd'hui.
23 / 03 /2022
Elle revient aujourd'hui avec Paradaïze (Grasset, 9 Mars 2022), traduction française (par Laura Alcoba) de son roman Páradais sorti en février 2021 au Mexique. Un roman, écho avec son précédent, traite de la violence, de la bestialité du désir et d’une misogynie systémique. Ecrit depuis la perspective des bourreaux, il délivre le point de vue de Polo, jeune jardinier pauvre de “Paradaïze”, un lotissement pour riches. Il maudit sa vie misérable, ne trouvant d'échappatoire que dans l’alcool. Il rencontre Franco, qui habite le lotissement. Un adolescent solitaire et obsédé par sa voisine, Madame Marian. Obsédé au point de mêler Polo à un plan pour entrer de force chez elle… jusqu’au drame.
Fernanda Melchor souligne la richesse dramatique des personnages jeunes. L'adolescence est pour elle "un moment de crise existentielle, le premier moment où on se sent le plus nous-mêmes et, en même temps, on n'est pas adulte (...) ; c'est un moment très intéressant en termes dramatiques".
Dans ce livre et dans son oeuvre, Fernanda Melchor s'attache, dit-elle, à "explorer le côté obscur de l'âme humaine : que se passe-t-il dans la tête des personnes capables de commettre des violences atroces, au Mexique et dans le monde ?".
Contre les stéréotypes, elle montre que ces jeunes parfois "n'ont pas d'autre choix " que de rejoindre les bandes du crime organisé. Son oeuvre fait ainsi des pas de côté par rapport à la mode des séries glorifiant les narcotraficants. Dans Paradaïze, ils n'apparaissent qu'en arrière-plan. Fernanda Melchor a par ailleurs participé à l'écriture de Somos, une série Netflix librement inspirée d'un fait divers qui a eu lieu en 2011 : le massacre d'habitants d'Allende, une ville située dans le nord du Mexique, par un groupe de narcos du Cartel de los Zetas. Donnant le point de vue des victimes, elle s'attache à montrer les conséquences de cette violence dans les vies ordinaires.
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