FGR EXCLUSIVE | ADELE UDDO BY WENDY HOPE IN “AFTER MIDNIGHT”
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After Midnight–Photographer Wendy Hope captures FGR’s very first all-accessories exclusive with these glossy studio images. Styled by Denise “DeeStylista” Pichardo, model Adele Uddo flaunts her legs and hands while covered in gorgeous jewelry and shoes from the likes of Tom Ford, Giuseppe Zanotti and Balmain. The glamorous looks are perfected by blue and silver nail shades courtesy of manicurist Honey Nailz.
Photographer: Wendy Hope
Stylist: Denise DeeStylista Pichardo
Manicurist: Honey Nailz
Model: Adele Uddo @ Parts Models
Retouching by Yulia Dunaeva
All Shoes and Accessories from Albright Fashion Library & Montana Rader
COLM TÓIBÍN: «LA PLUPART DES HISTOIRES SONT BIZARREMENT TRISTES, DU MOINS MÉLANCOLIQUES»
Par Claire Devarrieux— 19 février 2014 à 17:06
Entretien avec l’auteur de «la Couleur des ombres».
Quelques questions jetées dans la boîte mail, Colm Tóibín ne venant pas en France pour la sortie de la Couleur des ombres. Et quelques réponses par retour du courrier. On ignore leur provenance, Dublin, Barcelone ou New York.
Pourquoi aviez-vous choisi comme titre original The Empty Family («la Famille vide») ? Que pensez-vous du titre français, la Couleur des ombres ?
Il est toujours difficile de choisir les titres ; c’est comme choisir des numéros de loterie. Souvent, il y a un titre que vous aimez dans la journée, et la nuit vous en aimez un autre. Je pense que «la Couleur des ombres» est objectivement la meilleure nouvelle du recueil, en tout cas d’un point de vue technique, et du point de vue de l’émotion. «La Famille vide» est plus cru, et plus expérimental, tout en monologue intérieur.
Le livre est dédié à Anthony Cronin. Comment le présenteriez-vous au lecteur français ?
Anthony Cronin est un poète irlandais, un critique et un biographe. Pour moi, il a écrit la meilleure biographie de Samuel Beckett, et je trouve sa biographie de Flann O’Brien révolutionnaire. Il est l’auteur de mémoires qui sont devenus un classique, Dead as Doornails (Bel et bien morts,Anatolia 2006). Comme poète, il jouit d’une grande considération en Irlande. Mais parce qu’il n’écrit jamais sur le paysage irlandais, ou toutes ces choses qui passent pour typiquement irlandaises, la réputation de sa poésie hors d’Irlande n’est pas ce qu’elle devrait être. Il est né dans les années 20 et vit toujours à Dublin. Nous sommes de la même ville ; mon père l’a eu comme élève, et son père à lui, de son côté, a appris à ma mère la sténodactylo. Cela fait bien des années que nous sommes amis.
Pensez-vous que comme auteur de nouvelles vous ne puissiez pas éviter la tristesse et la nostalgie ?
La nostalgie n’a aucun intérêt pour moi. J’espère l’éviter tout le temps ! La plupart des histoires, toutefois, sont bizarrement tristes. Et, sinon tristes, du moins mélancoliques. Mes romans sont comme ça aussi.
Est-ce plus facile pour vous, ou bien plus dangereux, d’écrire à la première personne ?
J’aime le risque que cela implique, l’intensité de ton que je peux obtenir. Il y a aussi que la plupart des histoires que j’écris à la première personne sont proches de l’autobiographie. Je m’efforce de garder mes distances, de ne pas parler beaucoup de moi, si bien que ces histoires-là arrivent par surprise, je ne suis pas le moins étonné.
Au cours de vos voyages, est-ce que vous achetez des objets que vous envoyez chez vous, comme le protagoniste de «la Famille vide» ?
Oui, je fais pareil.
Où vivez-vous ?
Je vis dans ma tête et, les bons jours, dans ma peau aussi. Je vis une partie de l’année à New York, où j’enseigne au département de littérature anglaise et comparée de l’université de Columbia. Sinon, en Espagne et en Irlande. Je ne suis pas sûr de savoir ce que «chez moi» veut dire.
Pouvez-vous écrire n’importe où ?
Oui, je peux écrire dans les chambres d’hôtel, dans des petites pièces et dans des grandes, dans mon bureau.
Internet et les ordinateurs ont-ils changé votre manière de vivre et de travailler ?
J’écris à la main. L’avantage d’Internet est qu’on peut se passer du téléphone.
Isabelle Huppert incarne la troisième édition de "Women in Motion"
Par Baptiste Erondel | Le 15 mai 2017
Isabelle Huppert, l'actrice doublement récompensée à Cannes, incarne la troisième édition de «Women in Motion»organisée par Kering pendant le 70e Festival.
Claudia Cardinale sur l'affiche du Festival, Isabelle Huppert pour «Women in Motion». Deux icônes pour un grand événement. À l'occasion du 70e anniversaire du Festival international du film de Cannes, qui se tiendra du 17 au 28 mai 2017, Kering, partenaire officiel, a choisi un portrait d'Isabelle Huppert pour le visuel de la troisième édition de «Women in Motion».
Kering s'est tourné vers une actrice saluée pour sa filmographie exceptionnelle auprès des plus grands metteurs en scène du monde entier. Que représente-t-elle aux yeux de la Croisette ? Une icône du septième art, récompensée à deux reprises à Cannes par le prix d'interprétation féminine, avant d'être présidente du jury en 2009. Isabelle Huppert ne fait que peaufiner une empreinte déjà marquée sur la Croisette.
"Women in Motion", porte-parole des femmes à Cannes
Depuis désormais trois ans, «Women in Motion» met en lumière la contribution des femmes au cinéma à travers des discussions de grandes personnalités tout au long du Festival. L'événement a pour ambition de faire converger les regards vers le rôle clé des femmes dans le cinéma, et l'importance de continuer à y mener le combat sur les questions de l'égalité, et d'en favoriser l'accès aux jeunes talents féminins.
En 2016, «Women in Motion»avait réuni de grands noms tels que Jodie Foster, Juliette Binoche, Susan Sarandon, Salma Hayek Pinault ou encore Houda Benyamina. Difficulté à financer les films, inégalités salariales ou encore manque de représentation, les Talks abordent des thèmes cruciaux. L'occasion pour les journalistes et les professionnels de débattre sur la place des femmes dans le septième art.
Cette année «Women in Motion» attribuera donc son prix à Isabelle Huppert, l'une des figures les plus inspirantes du monde du cinéma qui a su multiplier les prises de risque artistique et imposer son style, allant de la comédie au drame. Quant au prix Jeunes Talents, doté d'un soutien financier de 50.000 euros, il sera cette année décerné à Maysaloun Hamoud. La jeune réalisatrice et scénariste palestinienne a signé en 2016 Je danserai si je veux (Bar Bahar), premier long-métrage qui suit le quotidien de trois jeunes femmes palestiniennes vivant à Tel Aviv, partagées entre leur désir d'indépendance et les traditions familiales.
Cannes souhaite valoriser les femmes
Les organisateurs du Festival de Cannes ont eu l'occasion d'évoquer l'événement, très attendu sur la Croisette. «Nous sommes très heureux qu’une initiative qui vise à valoriser la contribution des femmes s’épanouisse au sein du Festival et gagne chaque année en visibilité», a confié Thierry Frémaux, délégué général. «Il est important que tous aient la possibilité de s'exprimer sur le sujet, partager des faits concrets sur des situations d'inégalité, et proposer des moyens pour les combattre.»
Pour Pierre Lescure, président du Festival, «la défense de cette cause mérite l’attention de tous, et il est primordial de sensibiliser à ce sujet les nombreux festivaliers reçus chaque année». Une déclaration qui s'associe parfaitement aux paroles de François-Henri Pinault, directeur de Kering, qui n'hésite pas à décréter l'urgence de faire progresser l’égalité entre femmes et hommes. «Elle est au cœur des priorités.»
Isabelle Huppert : "Je ne crois pas au cinéma féminin"
Par Isabelle Giordano | Le 22 mai 2017
Elle est le visage de la 3e édition des rencontres Women in Motion, il en est l'initiateur. Avec François-Henri Pinault, P.-D.G. du groupe Kering, débat sur la place des femmes dans le cinéma.
Une actrice, Isabelle Huppert, un chef d’entreprise, François-Henri Pinault : dans les salons d’un grand hôtel parisien, que peuvent-ils avoir à se dire ? Ils ont pourtant des points communs et aiment réfléchir, chacun à sa manière, à l’image et aux droits des femmes. Isabelle Huppert s’apprête à présenter deux films (1) à Cannes et rentre d’un de ses nombreux voyages, où UniFrance l’accompagne parfois, en promotion ou en tournage. Insatiable curieuse, elle aime parcourir la planète.
François-Henri Pinault se prépare à se rendre au Festival de Cannespour la troisième édition de Women in Motion, un rendez-vous devenu incontournable, qui œuvre pour mettre en lumière le rôle et le talent des femmes dans le cinéma, organisé par le groupe de luxe Keringqu’il dirige. Conversation à trois autour d’une tasse de thé vert.
Isabelle Giordano. - J’aimerais commencer par une question à tous les deux : êtes-vous contente d’être une femme, êtes-vous heureux d’être un homme ? Isabelle Huppert. - Oui, je suis heureuse d’être une femme ! J’ai l’impression que c’est tout de même plus facile que d’être un homme. Même si j’ai bien conscience des nombreux problèmes, de tous les obstacles auxquels une femme est confrontée tout au long de sa vie. Si j’étais un homme, je serais encore plus attentif aux femmes. Je serais un homme féministe. Mais je ne parle pas que des qualités, j’aurais beaucoup de défauts aussi. J’aurais toujours envie qu’on s’occupe de moi, je serais irresponsable. Je serais un homme impossible, heureusement, je suis une femme !
François-Henri Pinault. - Je suis content de mon sort, mais j’aimerais bien passer rien qu’un moment dans la peau d’une femme. Juste pour comprendre certains mécanismes psychologiques. Quand j’ai commencé à m’impliquer dans la cause des femmes, une chose m’a intrigué : pourquoi, à un niveau de compétences et de responsabilités égales, les comportements des hommes et des femmes peuvent-ils être si différents ? Les femmes n’expriment pas leur ambition professionnelle de la même manière que les hommes. Des études montrent que les femmes au pouvoir utilisent des talents et des recettes bien à elles ; elles ont des réflexes de management différents des hommes, ce qui est complémentaire, mais elles n’en sont pas toujours conscientes.
La sortie mondiale de Elle a été un succès constaté à chaque voyage que nous avons fait ensemble, de New York à Tokyo. Pourquoi ce film provocant a tant plu, notamment aux États-Unis ? I. H. - Parce qu’il s’agit d’une femme libre qui sort des stéréotypes, mi-victime mi-vengeresse, beaucoup plus machiavélique. Je pense que l’attraction pour le film vient de l’alliage subtil entre force et vulnérabilité. Il y a la partie émergée de l’iceberg - la provocation, les scènes dérangeantes, et la partie immergée, la fragilité, la complexité…Le tout soulevant plus de questions qu’il n’apporte de réponses, puis il y a l’humour et la distance qu’il impose.
C’est aussi un film qui détonne dans l’Amérique de Trump… I. H. -Et dans l’Amérique en général, qui reste un pays très puritain. Mais pour autant il ne faut pas non plus prendre tous les Américains pour des grenouilles de bénitier ! Aussi puritains soient-ils, ils ont tout de même été capables d’encenser Paul Verhoeven.
F.-H. P. -Les États-Unis aiment Isabelle Huppert, je le constate lorsque j’y voyage. J’ai beaucoup apprécié le film de Paul Verhoeven. Tout comme mon épouse (NDLR : l’actrice Salma Hayek), qui est aussi très admirative des choix d’Isabelle. Ce que j’apprécie, c’est qu’elle n’est jamais dans la facilité. J’aime son audace.
Lors de la campagne pour les Oscars, on a vu les actrices Jessica Chastain et Annette Bening porter le badge «I love Isabelle Huppert» : quelle déclaration ! I. H. - (Elle sourit.) Je crois que ce qu’elles aiment surtout, c’est ma possibilité de faire certains films. Elles envient ma liberté qu’elles ont moins ou peu, c’est une réalité. Aux États-Unis, les actrices n’ont pas toujours accès à la même diversité de rôles que nous. Les personnages féminins intéressants et subversifs sont nettement moins nombreux dans les scénarios américains. Les actrices que vous citez ont un réel attrait pour le cinéma d’auteur, un genre qui doit beaucoup au cinéma français. Nous avons un cinéma qui fascine le monde entier, car nous sommes capables de raconter des histoires singulières, transgressives.
Quels sont les personnages d’Isabelle Huppert qui vous ont le plus marqué ? F.-H. P. -Sans hésiter, la Pianiste. I. H. - C’est drôle, c’est toujours ce film que les gens citent… F.-H. P. - Il y a tant de vos rôles que j’ai aimés, comme dans Violette Nozière, la Dentellière, la Cérémonie… Je suis impressionné par ces choix périlleux et même parfois presque casse-gueule.
«Mon problème, déclara un jour à Cannes Agnès Varda (lors d’un débat avec Women in Motion, à Cannes, le 23 mai 2015), n’a jamais été d’être une femme dans le cinéma, mais de proposer quelque chose de novateur et libre.» Cette phrase vous ressemble, non ? I. H. -Cette profession de foi s’entend différemment selon qu’on est une actrice ou une metteuse en scène. Pour une actrice, c’est peut-être encore plus difficile d’être vraiment libre et de faire des choix audacieux. Mais cette phrase d’Agnès Varda me fait penser à Nathalie Sarraute qui répugnait à parler de «littérature féminine». De la même manière, je ne crois pas trop au cinéma féminin. Cela n’empêche pas de défendre les droits des femmes. Aux États-Unis, c’est un sujet permanent dans le milieu du cinéma. Patricia Arquette avait bien eu raison de dénoncer l’inégalité salariale il y a deux ans.
F.-H. P. - Le sexisme persiste encore dans le cinéma. Je pensais que les choses s’étaient améliorées sur les plateaux de tournage ou derrière la caméra, pourtant on constate, par exemple, 42 % d’écart de salaire entre un réalisateur et une réalisatrice de long-métrage. C’est une moyenne, c’est énorme. Il existe une autre chose assez choquante et radicale : le droit de veto de certains acteurs sur leur partenaire féminine. Comme si une femme ne devait pas leur faire de l’ombre… C’est malheureusement assez fréquent, et les actrices n’ont pas leur mot à dire.
La France est l’un des seuls pays où il y a beaucoup de femmes cinéastes… F.-H. P. -Oui, et c’est une différence majeure entre la France et l’Amérique. Les chiffres montrent qu’en Europe un réalisateur sur cinq est une femme, soit environ 20 % de femmes réalisatrices, ce qui est évidemment bien trop peu, mais plus que les 3 ou 5 % aux États-Unis. Au-delà de la réalisation, le scénario pourrait être le nouveau défi, la nouvelle conquête pour les femmes. En France, comme ailleurs, les scénaristes sont majoritairement des hommes, et les rôles réservés aux femmes sont parfois indigents ; je le vois parfois avec mon épouse en discutant des scénarios qu’elle reçoit. C’est le nerf de la guerre, au même titre que la production. On ne confie pas de gros budgets aux femmes : en Europe, presque 85 % des aides sont données à des réalisateurs masculins.
Isabelle, en recevant votre prix aux Golden Globes, vous avez évoqué le cinéma capable d’abattre «les murs et les frontières». Quel est son futur impact ? I. H. - Cette référence à l’actualité, qui n’était d’ailleurs pas directement dirigée contre Donald Trump, avait pour moi une portée plus générale. L’art dépasse les frontières. Dans l’époque actuelle, ces propos sonnent comme un signal d’alerte contre la multiplication des discours racistes ou des appels à la haine.
Et vous, François-Henri Pinault, vous arrive-t-il aussi de vous servir de votre notoriété pour faire passer des messages ? F.-H. P. - C’est moins une question de notoriété que de responsabilité. C’est une conviction familiale forte, pas seulement un penchant personnel. Je suis persuadé que dans le monde d’aujourd’hui, dans le chaos ambiant, un groupe comme Kering a une responsabilité importante, qui dépasse la sphère économique. Certes, il est important d’embaucher, de favoriser la croissance et l’emploi d’un pays. Mais l’entreprise doit aussi être le reflet de la société : aujourd’hui, 60 % de nos collaborateurs sont des collaboratrices. Ce fut une petite révolution interne. Et, à travers notre nous sommes armés pour nous attaquer à d’autres combats.
Pensez-vous que certaines femmes se doivent d’être des modèles inspirants ? François-Henri Pinault, votre mère, écologiste convaincue, semble être à l’origine de votre engagement ? F.-H. P. - Oui, elle a beaucoup compté pour moi. Aujourd’hui, pour défendre les engagements qui me sont chers, j’ai choisi le cinéma. C’est le seul média capable de faire évoluer les mentalités. Je le vérifie chaque jour avec Women in Motion. Quand on choisit la lutte contre le sexisme - qui concerne aussi le monde du cinéma -, il est bon de s’appuyer sur des films, ou des personnes qui peuvent bousculer les préjugés, faire avancer la société. Le cinéma peut être un incroyable levier d’action.
I. H. -Je ne sais pas si une actrice peut être un guide ou un modèle, mais en tout cas, être libre, oui. Le cinéma peut être un art expérimental. Le théâtre encore plus. On peut y faire des expériences, risquer de ne pas plaire, tenter de multiples choses, varier les pistes.
Vous avez en commun d’être chacun parent de garçons et de filles. Les avez-vous élevés différemment ? F.-H. P. - (Il sourit.) Il se trouve que nos fils sont amis, c’est le hasard, c’est aussi un point commun… J’ai éduqué mes fils avec un souci d’égalité et de respect vis-à-vis des femmes. L’égalité femme-hommeest un apprentissage qui débute dès les premières années.
Et vous Isabelle, comment étiez-vous avec votre fille et vos deux garçons ? I. H. - Est-ce que je les ai élevés différemment ? Euh… J’aurais bien du mal à répondre à cette question… J’aurais dû me la poser avant, c’est un peu tard maintenant, au moins pour les deux aînés ! Je pense avoir procédé comme Monsieur Jourdain, sans le savoir j’ai eu la volonté de ne pas assigner telle ou telle tâche à l’un ou à l’autre, parce qu’ils étaient fille ou garçon. J’aimerais poser à mon tour une question à François-Henri : j’ai l’impression que le monde de l’art est très masculin, est-ce vrai ?
F.-H. P. - Je pense sincèrement que dans l’art contemporain, il y a autant d’artistes femmes et hommes. Je connais beaucoup de femmes peintres, photographes ou sculptrices. Je parle évidemment de l’art contemporain, car cela n’a pas été le cas pendant des siècles - et cela n’est toujours pas le cas dans d’autres domaines culturels d’ailleurs ! Question d’époque, de mœurs, de coutumes - pendant des siècles, l’art a été un domaine monopolisé par les hommes… Ce n’est plus vrai.
I. H. - Vu de loin, on a un peu cette impression. Pour une Louise Bourgeois ou une Annette Messager, combien d’artistes hommes ? Mais c’est une réalité qui est sans doute en train d’évoluer. Et c’est tant mieux.
F.-H. P. - À mon tour, j’ai une question pour Isabelle : aimez-vous faire des comédies ?
I. H. - Oui, la Pianiste ! (Elle rit de bon cœur.) Trêve de plaisanterie, il y a des moments très drôles dans la Pianiste. J’ai un peu de mal à délimiter clairement la comédie du drame, et je me méfie même de cette attraction un peu normative pour les «comédies» qui ramène le cinéma à sa seule fonction de divertissement. Mais je suis heureuse d’avoir fait des films comme Copacabana, les Sœurs fâchées, Huit Femmes, Signé Charlotte, Amateur… Tout ces films sont des comédies, mais pas seulement.
F.-H. P. - C’est étonnant : j’ai vu la plupart des films que vous citez, mais je vous associe surtout à des rôles sombres. En tout cas, je vous vois avant tout comme une femme qui défend ses personnages avec de la force, du mystère et une grande sincérité.
I. H. - Disons que sans trop me prendre au sérieux, le cinéma et le théâtre restent une affaire très sérieuse pour moi.
(1) Happy End, de Michael Haneke, en salles le 18 octobre. Et La Caméra de Claire, de Hong Sang-soo, en salles prochainement.