Mick Jagger |
"Mes 48 heures avec Mick Jagger"
Paris Match||Mis à jour le
Par Dany Jucaud
Notre reporter a passé deux jours avec le Rolling Stone. Récit.
Mick Jagger a faim. Très faim. «Les buffets sont magnifiques, si on se trouvait une table tranquille, je déteste manger debout ! » La Villa Cartier, privatisée ce soir pour célébrer la sortie du biopic sur la vie de James Brown « Get on Up » mis en scène par Tate Taylor, qu’ il produit avec Victoria Pearman présidente de sa compagnie Jagged Films avec qui il travaille depuis 20 ans, est définitivement ce soir le seul endroit où il faut être. Les invitations, une cinquantaine incluant les acteurs du jury Cartier présidé par Audrey Dana, ont été distribuées au compte-goutte.
Arrivé à l’hôtel Royal la veille en fin de journée accompagné de son premier cercle (assistante personnelle, Chadwick Boseman l’acteur du film, le metteur en scène, son attache de presse et un garde du corps), le leader des Rolling Stones est venu en tant que producteur soutenir le film qui sortira en France le 24 Septembre. Il a, par sa seule présence, électrisé d’un coup ce quarantième Festival du Cinéma américain de Deauville assez morne malgré le soleil, il faut le dire, nous laissant tous nostalgiques de ces brillantes années passées. Après avoir pris possession de la suite Robert Mitchum au troisième étage du palace, le chanteur, accompagné de toute l’ équipe de Universal, une quarantaine de personnes, est allé dîner à la « La chaumière », à Honfleur, qui avait été aussi privatisée pour l’occasion, gardée par plusieurs agents de sécurité et la police d’Honfleur, qui a récupéré deux jeunes fans venus d’ Allemagne qui avaient tenté de se faufiler dans la propriété par la mer.
"James Brown était une véritable bête de scène"
Soirée feutrée, éclairée à la bougie. Sur le coup de minuit, avant de retourner à son hôtel, le chanteur n’a pu s’empêcher de faire un détour avec tous ses invités au «Brumel’s», la boite du Casino. On ne se change pas. Le lendemain avant de se rendre à la conférence de presse où les gens se piétinaient littéralement dessus pour entrer, Jagger, en T-shirt blanc à manches courtes, comme si de rien n’était, s’est pointé sans prévenir pour déjeuner au bord de la piscine de l’hôtel, faisant la queue au buffet comme presque tout le monde.
Puis vint la conférence de presse où il s’est exprimé dans un français parfait. «La première fois que j’ai vu James Brown à L’Apollo, j’avais 20 ans. Il faisait cinq spectacles par jour. J’étais très impressionné par la façon qu’il avait de contrôler le public, de chanter et de danser. Il m’a dit: "C’est bien de faire le show mais il faut aussi faire du business". James Brown était une véritable bête de scène. Je lui ai tout volé! ». Répondant à un journaliste qui lui demandait si on allait voir bientôt un biopic sur les Stones, Mick Jagger est dubitatif: « Ca m’étonnerait, on m’a donné plusieurs scripts à lire mais ils sont tous très mauvais! »
Le soir même, à la première du film qui sera très applaudi, éclipsant les autres actrices ,Julie Gayet, lumineuse et souriante fait un passage très remarqué sur le tapis rouge. Brian Grazer, associé de Ron Howard, coproducteur de « Get on Up », avec Victoria Pearman, 43 nominations aux Oscars et 149 aux Emmy awards, recevait avant la projection un hommage auquel assistait Mick Jagger, à qui la salle, d’un même élan, a fait une standing ovation .
Costa Gavras, président du jury du festival, Abel Ferrara, les uns après les autres, tous viennent s’entretenir avec la star aussi charmeuse que charmante qui, pour un soir, a troqué ses paillettes pour son costume de producteur. «Mister Dynamite », le documentaire qu’il a produit sur James Brown, sera diffusé, explique-t-il, sur HBO le 27 octobre. Quant au pilote que vient de tourner Martin Scorsese, aussi pour HBO, sur la musique des années 70 il faudra attendre encore un peu pour la suite avant d’avoir le feu vert définitif .
Tout le monde parle d'Oscar pour Chadwick Boseman
Béatrice Wachsberger, qui règne sur le lieu une coupe de champagne à la main, passe de groupe en groupe pour s’assurer que tout va bien. Les fumeurs s’exilent sur la terrasse où, près du buffet, depuis plus d’une demi-heure, Jagger, veillé de loin par deux armoires à glace, joue au chat et à la souris avec Olga Kurylenko qui roucoule. Elle est venue présenter «November man» avec Pierce Brosnan, en train de se resservir de risotto. Chadwick Boseman, remarquable dans le rôle de James Brown, accepte avec une grande modestie les félicitations des invités (dont Vincent Lindon) sortis juste de la projection, tous emballés par le film mais surtout par sa performance. Tout le monde lui parle d’Oscar.
Quelques invités se lâchent sur la musique montée d’un cran, hallucinés de voir la star se joindre à eux et danser comme si de rien n’était. Sur le coup de deux heures, un cachemire violet sur les épaules, Mick Jagger s’éclipse dans la nuit. Samedi, après une dernière collation au bord de la piscine avec son entourage, il remercie tout le personnel de l’hôtel «pour ce délicieux séjour» et regagne l’aéroport de Deauville où un jet privé l’attend pour Londres.
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