lundi 17 juillet 2017

Elle Fanning / "Je n’ai pas l’impression d’avoir loupé mon enfance"



Elle Fanning : "Je n’ai pas l’impression d’avoir loupé mon enfance"

Par Richard Gianorio | Le 30 juin 2017


Dans la famille Fanning, on demande Elle, la sœur de Dakota. Baby star en pleine ascension, elle sera dans Les Proies de Sofia Coppola et vient de signer un contrat beauté avec L'Oréal Paris.



On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Mais à 19, si l’on vit à Los Angeles et qu’on est promis au faste du star-système, on ne prend plus les choses à la légère. Elle Fanning a été la sensation du dernier Festival de Cannes, où elle présentait deux films (Les Proies (1) et How to Talk to Girls at Parties) et affichait fièrement son nouveau statut d’égérie beauté de L’Oréal Paris, une signature qui la fait entrer dans une dream team comprenant indifféremment l’icône Julianne Mooreou la mannequin Doutzen Kroes.
Si miss Fanning est conforme aux standards d’une « all American girl » de son âge - elle rit très fort et écarquille ses grands yeux bleus avec une candeur attendrissante -, elle possède aussi un physique moins conventionnel (une grâce aérienne, un cou de cygne et une silhouette de ballerine - qu’elle faillit devenir) et ce petit supplément d’âme qui lui permet d’accéder, déjà, à des partitions plus complexes. On la compare à une Nicole Kidman en devenir - elle lui ressemble et frôle, comme elle, le mètre quatre-vingts - et, cruelle sélection naturelle des sociétés du spectacle, elle semble bien partie pour éclipser malgré elle sa glorieuse sœur aînée, Dakota, 23 ans…



Des débuts à… 18 mois

Fille du Sud née en Géorgie - où les femmes ont la réputation d’être toutes d’increvables Scarlett O’Hara -, Elle Fanning a débuté au cinéma à 18 mois. Elle a 11 ans lorsqu’on la remarque vraiment dans Somewhere, de Sofia Coppola, qui la choisit pour son physique évanescent, une de ces blondes pâles dont elle raffole depuis Virgin Suicides. L’an dernier, Elle fêtait ses 18 ans et sa première sélection à Cannes avec The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn.
Tous les indicateurs de super célébrité sont donc au vert pour propulser la fusée Fanning dans la stratosphère. Elle est armée. Derrière son apparence de jeune et jolie Américaine rieuse, elle paraît indestructible, ayant déjà parfaitement intégré toutes les lois de l’industrie hollywoodienne et semblant pouvoir les manipuler à sa guise. Après les Proies, elle a déjà tourné dans deux films (« avec des réalisatrices », insiste-t-elle), l’un dirigé par Mélanie Laurent (Galveston), l’autre par Reed Morano (I Think We’re Alone Now). Et elle chantera dans le troisième (Teen Spirit, pensé par l’équipe de La La Land). Rencontre avec un adorable bébé requin aux dents de lait et au teint de lys.



Dans les pas de Dakota

« Je suis issue d’une famille de sportifs. Ma mère pensait que ma sœur Dakota et moi deviendrions des joueuses de tennis professionnel. Ce n’est pas arrivé. C’est ma sœur qui m’a ouvert le chemin. J’ai tourné dans mon premier film à l’âge d’un an et demi. Je jouais Dakota bébé, lors d’un flash-back, dans Sam, je suis Sam. On peut donc dire que j’ai grandi dans cette industrie, et, de fait, elle ne me fait pas peur. De plus, je vis toujours dans le cocon rassurant de la maison de mes parents, qui me soutiennent à chaque instant. Ma scolarité a été assez normale, et mes amis ne sont pas tous dans le business : non, je n’ai pas l’impression d’avoir loupé mon enfance. »

Elle Fanning, le style dans la peau





Marilyn Monroe, un modèle

« Le premier film dont je me souvienne ? Sept Ans de réflexion, avec Marilyn Monroe, qui m’a suffisamment frappée pour que cette actrice devienne une source d’inspiration. Je suis fascinée lorsque je revois ses interviews filmées : son regard déborde d’émotion, et le fait qu’elle se soit sans doute sous-estimée comme actrice me bouleverse. Ma grand-mère adorée m’a acheté, dans une vente aux enchères, un poudrier qui lui a appartenu et que je vénère. Plus tard, j’ai enquillé tous les Disney, les films de princesses, comme toutes les jeunes Américaines. Aujourd’hui, je tourne dans des films, mais je n’en vois pas suffisamment, sauf dans les avions. Ma culture cinématographique est en construction. À terme, j’aimerais devenir réalisatrice. Cette idée occupe de plus en plus mon esprit. »



Muse de Sofia Coppola

« Sofia a réussi à rester élégante malgré le succès. C’est la classe incarnée, un modèle pour nous toutes. Je lui dois beaucoup. Je n’avais que 11 ans lorsqu’elle m’a donné un rôle important dans Somewhere. Je me souviens très bien de notre premier rendez-vous : elle était très maternelle et m’a fait parler de ma vie, même si j’étais encore une petite fille. Ses tournages sont confortables, très familiaux. Sofia a un type de fille qu’elle aime particulièrement, le type Kirsten Dunst, avec qui je suis devenue très proche, d’ailleurs. Dans les Proies, qui est un film assez gothique à mes yeux, les clichés sont inversés : c’est Colin Farrell qui hérite de l’emploi le plus féminin, quand le reste du casting est composé de femmes - Nicole Kidman et Kirsten Dunst, justement - au tempérament assez macho. J’incarne une bad girl, et c’est nouveau pour moi. J’aime les challenges. Bien sûr, par la suite, j’aimerais jouer des personnages qui sont les plus éloignés possible de moi. Devenir une bonne actrice, c’est énormément de travail et d’engagement, et j’ai encore beaucoup à apprendre. Je ne travaille pas avec un coach, je préfère laisser parler mon instinct et mon imagination plutôt que d’intellectualiser les choses. Je veux garder ma part d’enfance. Les grandes actrices ont ça, je crois. Meryl Streep, notamment. »


Entrée dans la danse

« Longtemps, j’ai pensé devenir ballerine. J’ai fait de la danse classique, je passais mon temps sur les pointes. Mais j’ai pratiquement abandonné, je suis trop prise par le cinéma. Et puis, j’ai beaucoup grandi, très vite. Et dans la danse, plus on est grande, plus il faut être douée. J’ai gardé la rigueur et la discipline des danseurs, très profitables sur les tournages, et aussi la posture, le maintien, parce que tout passe par le corps : il faut chaque fois s’approprier le corps du personnage. Les vêtements aident aussi beaucoup. Dans le film de Sofia, je portais un corset, et ma façon de me tenir était radicalement différente. »


Une beauté déterminée




« J’étais heureuse et stupéfaite lorsque j’ai été approchée par L’Oréal Paris pour intégrer cette équipe d’égéries incroyables. J’adore le message véhiculé par la maison, fondé sur l’estime de soi. Je suis bien placée pour en parler : il est si difficile pour une ado d’apprendre à s’aimer ! Au lycée, j’ai connu une longue période de timidité absolue. Je voulais ressembler aux autres alors que j’étais très différente. J’ai fini par comprendre que mes défauts faisaient partie intégrante de ma personnalité et qu’ils me rendaient unique. J’ai un petit côté garçon manqué, mais, surtout, une culture girly. Je suis imbattable en maquillage. »




Naturellement féministe

« Au Festival de Cannes cette année, c’était, paraît-il, la première fois qu’il y avait douze réalisatrices sélectionnées. Au lieu de s’en émerveiller, on devrait surtout s’étonner que cela soit la première fois ! En ce qui me concerne, je vais très naturellement vers des auteurs femmes : après Sofia Coppola, j’ai enchaîné avec Mélanie Laurent et Reed Morano. Le combat des femmes sera gagné lorsqu’on n’aura plus à mentionner le sexe de l’auteur d’un film. Ce qui compte, c’est qu’il soit réussi, non ? Le chemin à parcourir est encore long. Précédemment, j’ai joué dans 20th Century Women, avec Annette Bening. Un film ouvertement féministe qui a fait polémique, à mon grand étonnement. Comme si rien n’était jamais acquis pour les femmes. »
(1) Les Proies, en salles le 23 août.


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