Décembre 1990 : "Diana Superstar" par Stéphane Bern
Un regard direct et le port d'une reine... En dix ans, elle a dompté ses excès, mais affirmé ses exigences : mener la vie libre et responsable d'une princesse moderne appelée à un destin national.
Vous vous souvenez du 21 juillet 1981, c'était un mercredi. Ce jour-là, devant un parterre de royautés chapeautées, lady Diana Spencer disait « oui » à Charles Philip Arthur George Windsor-Mountbatten, prince de Galles, sous les voûtes de la cathédrale Saint-Paul. Devant plusieurs millions de spectateurs, la jeune fiancée de 20 ans devenait une légende vivante, un mythe. Le mythe aura bientôt 10 ans, et pas une ride. L'image de conte de fées n'aura pas eu le temps de jaunir.
La métamorphose
C'est la victoire de Diana, elle est - et surtout est restée - la star incontestée de la décennie écoulée. Son secret ? Elle a constamment changé son image tel un caméléon royal. Car si on se projette dix ans en arrière, lorsqu'une lady Di rosissante apparut pour la première fois aux côtés de Charles, il est difficile d'imaginer que c'est la même femme, glamoureuse et sophistiquée. L'assistante puéricultrice a cédé la place à la plus star des princesses du Gotha, et la femme la plus photographiée de sa génération.
Médusé, le journaliste John Pearson ne cache pas son admiration : « Le plus extraordinaire chez Diana, c'est la détermination avec laquelle elle s'est appliquée à répondre aux attentes du public qui voyait en elle une princesse de rêve... Contrairement aux prévisions, la princesse de Galles a réussi à modifier presque totalement son style et son apparence en métamorphosant la jardinière d'enfants aux joues rondes, plutôt gauche, en une élégante gravure de mode royale... La transformation de cette belle plante bien enveloppée de un mètre quatre-vingt-deux a dû exiger des trésors de volonté insoupçonnés, quantité d'exercices et la création rapide et inévitable du "Diana look". » On traquerait en vain la mine renfrognée de la Shy Di (Diana la timide) des premiers jours. Elle ne s'endort plus lors des cérémonies officielles, ne sème plus ses détectives au volant de sa voiture, ne boude plus les obligations de sa charge et ne rougit plus quand on lui adresse la parole.
La suivant récemment dans quelques-unes de ses tâches représentatives, et notamment au Japon où elle assistait avec Charles au couronnement de l'empereur, j'ai pu mesurer le chemin parcouru. Fini le temps où elle semblait gênée, affectée. La nouvelle Diana est détendue, naturelle dans ses attitudes, sûre d'elle-même. Patrick Demarchelier, photographe français installé à New York, peut en témoigner. Diana avait adoré les clichés qu'il avait pris d'elle avec ses enfants, rendant l'éclat d'une maternité accomplie. Elle lui demanda de la photographier seule. Il est encore sous le charme : « Diana m'a semblé être ce que je pourrais appeler une femme comblée. »
Femme et maman comblée
Aujourd'hui, à la veille de ses 30 ans, Diana a trouvé un certain équilibre. Avant tout, la princesse de Galles est une mère accomplie. Elle qui a tant souffert de solitude pendant son enfance, dans un foyer déchiré, se veut aujourd'hui une mère très présente, s'impliquant elle-même dans l'éducation de ses enfants. N'en déplaise aux amateurs de douches écossaises ou de châtiments corporels ! Diana n'est plus - seulement - un « portemanteau » de charme à qui l'on aurait volontiers dit - et son mari le premier - « sois belle et tais-toi »... La voilà championne des questions de protection sociale, d'éducation et de famille. Celle en qui l'on voyait un germe révolutionnaire infiltré à la cour d'Angleterre se révèle être aujourd'hui le fer de lance des valeurs traditionnelles. Et Diana a pris la tête d'une croisade pour « sauver la famille ».
Parler en public ne fait plus peur à Diana pour autant qu'il s'agisse de dénoncer l'usage de la drogue ou l'alcoolisme, mettre en garde contre l'atomisation des familles, récolter des fonds pour les handicapés, les enfants atteints par le cancer ou le sida... Elle n'hésite pas non plus à se rendre sur le terrain, pour écouter les doléances, réconforter les malades, soutenir les plus humbles, encourager les bénévoles, apportant à tous chaleur humaine et compréhension. Mais la princesse active a su également préserver sa vie de femme moderne et indépendante. Il y eut sans doute des mots, des larmes, des crises, mais, au fil des ans, Diana a su s'imposer et affirmer son caractère. Peut-être regrette-t-elle les excès d'une femme inexpérimentée, de douze ans la cadette de son mari, qui faisait le vide autour de Charles en interdisant l'accès de Kensington Palace aux amis de ce dernier, en chassant domestiques et secrétaires pour peu qu'ils aient quelque influence sur le futur roi... Aujourd'hui chacun préserve son espace de liberté. Elle ne voit aucun inconvénient à ce que Charles parte en Italie, son chevalet à peinture sous le bras, ou s'enferme à Highgrove pour une méditation intensive, à condition qu'elle puisse vivre comme une femme libre. Pari gagné !
Son cercle rapproché
Souvent elle retrouve pour déjeuner dans un petit restaurant d'Earl's Court ou de Knightsbridge des amies d'enfance, ou encore Carolyn Bartholomew et Virginia Pitman, avec qui elle partageait avant son mariage un appartement. Le soir, il lui arrive de sortir pour un souper-bridge chez Kate Menzies où se retrouvent tous ses amis de la gentry. Et si parfois elle cède au désir de danser - en galante compagnie - sur des rythmes endiablés, n'y voyez aucune malice... Honni soit qui mal y pense. « Disco Di » - comme on la surnommait - n'a pas tout à fait disparu. L'équilibre c'est aussi le sport, tous les matins dans la piscine de Buckingham ou plusieurs fois par semaine des parties de tennis au Vanderbilt Club avec Julia Dodd Noble (qui est aussi une amie de la duchesse d'York) et la marquise de Douro. Diana sait aussi surprendre lorsqu'elle court dîner des œufs brouillés chez sa dame d'honneur Anne Beckwith-Smith, ou passer trois heures à écouter les confidences de son chef qui lui a préparé des petits plats...
Depuis bientôt dix ans, Diana nous éblouit. Dix ans de succès. L'élève Diana a surpassé son professeur, la reine ! Médusée, Elisabeth regarde sa bru grimper au hit-parade de la popularité. Agacée ? Peut-être. Mais quoi de plus normal. Comment la reine pourrait-elle reconnaître dans cette femme épanouie et heureuse la jeune fille timide dont elle faisait l'apprentissage voici dix ans ? Triomphante dans son rôle de déesse royale, la princesse de Galles pourrait fort bien se réserver une nouvelle victoire à l'occasion de ses dix ans de mariage : l'annonce d'une troisième naissance !
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