AZNAVOUR PARMI LES VIEUX DE L’OLYMPE
"Schnock" met le chanteur en une
Bienvenue chez Schnock, «la revue des vieux de 27 à 87 ans», qui n’aime pas le jeunisme. Et qui vous parle d’un temps que les moins de 20 ans finissent un jour ou l’autre par connaître. La plupart des vedettes - chanteurs, acteurs, metteurs en scène - des années 60-70 ne sont-ils pas toujours d’actualité ? Voyez Charles Aznavour, né en 1924, qui ambitionne d’être sur scène le soir de ses 100 ans. Il le dit à Schnock, dans un grand entretien. Comme chaque fois, ce numéro a été tiré à 15 000 exemplaires, et fera sans doute l’objet, car c’est rituel, de plusieurs réimpressions. Meilleure vente à ce jour pour cette revue trimestrielle : le premier numéro, en 2011. Le dossier était consacré à Jean-Pierre Marielle : 19 000 exemplaires, «mais le Schnock Desproges et le SchnockAudiard devraient largement faire mieux sur la durée», indique Frédéric Houdaille, le directeur de la publication et cocréateur de la maison d’édition La Tengo.
Que faut-il savoir sur Aznavour ?
Il a appris à jouer aux échecs en 1940 avec Manouchian (celui de l’Affiche rouge), que ses parents cachaient. A la fin des années 40, ses chansons étaient plus célèbres que lui, qui a dû attendre 1960 et un spectacle à l’Alhambra, pour arriver en haut de l’affiche et y rester. Il a alors 36 ans. La vague yé-yé ne le noie pas, il écrit pour Sylvie Vartan et Johnny Hallyday. Beaucoup de chanteurs sont cités par Aznavour, Piaf évidemment, mais aussi Marcel Amont et Guy Béart, «un merveilleux auteur», et, pour aujourd’hui, «en plus de Lynda Lemay», plein de femmes. C’est nouveau et il s’en félicite. «Car j’ai toujours pensé que chanter n’était pas un métier d’homme, qu’on faisait un métier de femme et que les femmes ne faisaient pas notre métier.»
Et à part ça ?
Schnock est rempli d’histoires. Par exemple, s’il est hors de question de dire du mal du principal invité, il existe une rubrique rien que pour collecter les méchancetés. Mylène Demongeot se plaint de Simone Signoret, odieuse sur le tournage des Sorcières de Salem, et Florent Pagny balance : «J’ai croisé Matt Pokora sur des plateaux, et contrairement à certains artistes de la jeune génération comme Olivia Ruiz ou Julien Doré, il est très poli.» Plus loin, la passionnante Elisabeth Wiener, interviewée elle aussi, garde un mauvais souvenir de la Prisonnière (1968) : «Clouzot était terrible et presque sadique. Il semait la zizanie entre les gens. Il aimait une espèce d’ambiance très malsaine et suspicieuse. Laurent Terzieff était assez malheureux, pas très à l’aise et toujours malade.»
Qui est Cacharella ?
«Nous sommes en 1967, avant la rêveolution», écrit Tito Topin, qui est, à l’époque, graphiste. Signant les décors d’une pièce de café-théâtre, il rencontre Jean Cacharel qui fait les costumes. «Cacharel me prend en sympathie et me commande un projet qui ne verra jamais le jour, Cacharella, supposée devenir l’égérie de la marque.» Autre projet resté dans les cartons : Oom le Magnifique, un roman-photo que veut réaliser Tito Topin. Grâce à ses nouvelles relations dans les milieux de la mode, il avance dans son projet, trouve en Serge Gainsbourg l’interprète idéal, réalise quelques planches, et puis ça s’arrête là. Gainsbourg souhaite même que les images soient détruites. Elles le sont. Mais à l’occasion d’un déménagement…
Revue Schnock Charles Aznavour
Eté 2017. N°23. La Tengo, 176 pp., 14,50 €.
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