lundi 22 janvier 2018

Margaret Atwood vilipendée après sa tribune "Suis-je une mauvaise féministe ?"

Margaret Atwood vilipendée après sa tribune "Suis-je une mauvaise féministe ?"

Par Julia Avellaneda | Le 15 janvier 2018

L’auteure du livre La Servante écarlate, dont l’adaptation télévisée a été saluée pour sa dimension féministe, a créé la polémique en critiquant le mouvement #MeToo.


Catherine Deneuve n’est pas la seule à créer la polémique en dénonçant les dérives du mouvement #MeToo. La romancière canadienne Margaret Atwood a été malmenée tout le week-end outre-Atlantique pour avoir rédigé une tribune intitulée «Suis-je une mauvaise féministe ?».
Cette chronique, parue le samedi 13 janvier dans le quotidien canadien Globe and Mail, a engendré de nombreuses critiques concernant, notamment, son prétendu manque d'empathie avec les femmes victimes d'inconduites sexuelles.

#MeToo dans le collimateur

«Il semblerait que je suis une "mauvaise féministe". Je peux ajouter cette accusation à toutes les autres qu’on m’a portées (...). Désormais, il semblerait que je suis en train de conduire une guerre contre les femmes, comme la mauvaise féministe misogyne et pro-viol que je suis», débute l'auteure du best-seller La Servante écarlate dans son long texte.


«Ma position fondamentale, poursuit-elle, est que les femmes sont des êtres humains, avec un éventail complet de comportements angéliques et démoniaques, actes criminels inclus. Elles ne sont pas des anges incapables d’actes répréhensibles. Si c’était le cas, nous n’aurions pas besoin d’un système judiciaire.» Et de poursuivre : «Je ne pense pas non plus que les femmes sont comme des enfants, incapables d’agir par elles-mêmes ou de prendre leurs propres décisions morales.»
D'après elle, les «bonnes féministes», dont elle ne fait manifestement pas partie, nourrissent à tort la «vieille idée qui voudrait que les femmes sont incapables d’être justes ou d’émettre un jugement réfléchi, et elles donnent une nouvelle raison aux opposants des femmes de leur nier des postes à responsabilités dans le monde».
«Le mouvement #MeToo est un symptôme d’un système de justice brisé. Trop souvent, les femmes et les autres victimes d'abus sexuels, faute d'obtenir une écoute juste des institutions, y compris les entreprises, utilisent un nouvel outil : Internet (...), développe-t-elle encore. Le mouvement a été très efficace et a été vu comme une énorme prise de conscience. Mais qu’est-ce qui nous attend ? Le système judiciaire peut-il être réparé, ou notre société peut-elle en disposer à sa guise ?» «Si le système judiciaire est court-circuité car vu comme ineffectif, par quoi sera-t-il remplacé ? Qui seront les nouveaux puissants ?» s'inquiète-t-elle.

"Tract idéologique"

À la suite de la parution de cette tribune, et après avoir relayé des articles d'auteurs partageant cet avis, Margaret Atwood a été prise à partie sur les réseaux sociaux. Certains ont exprimé leur confusion sur Twitter : «Attendez, je ne comprends pas. Vous avez écrit à propos des horreurs qui arrivent quand les hommes s'estiment en droit d’utiliser les corps des femmes comme ils le souhaitent, et maintenant vous arguez que… les hommes devraient se sentir en droit d’utiliser les corps des femmes comme ils le souhaitent ? Je ne m’attendais pas à ça.»


Une autre internaute a réagi : «Si Margaret Atwood veut vraiment mettre fin à la guerre entre les femmes, elle devrait arrêter de déclarer la guerre à celles qui sont plus jeunes et moins fortes qu'elle, et commencer à écouter #metoo.»


En réponse, elle a passé son dimanche à expliquer les raisons de sa prise de position sur son compte Twitter.


"La Servante écarlate", roman féministe ?

Sa vision du féminisme avait déjà créé des remous au moment du sacre de la série adaptée de son ouvrage le plus connu, La Servante écarlate (titre original : The Handmaid's Tale), qualifié de féministe.
Dans une autre tribune publiée en mars dans les colonnes du New York Times, elle avait écrit : «La Servante écarlate est-il un roman "féministe" ? Si vous voulez dire un tract idéologique dans lequel toutes les femmes sont des anges et/ou si elles sont victimisées, demeurent incapables de faire un choix moral, alors non. Si vous parlez d'un roman dans lequel les femmes sont des êtres humains - avec toute la variété de caractères et de comportements que cela implique - et sont aussi intéressantes et importantes, et ce qui leur arrive est crucial pour le thème, la stucture et l'intrigue du livre, alors, en ce sens, de nombreux livres sont féministes.»






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