Roger Waters
déclare la guerre à Trump
Paris Match|
Sur la scène du festival Desert Trip, fin octobre, Roger Waters a produit un show à la gloire des albums mythiques de Pink Floyd. Les prises de position anti-Trump du musicien ne furent pas du goût de tous.
Promis, c'était la seule et dernière fois qu'il donnerait ce show. Depuis son départ de Pink Floyd en 1984, Roger Waters bataille avec son passé. Pour Desert Trip donc, Roger a travaillé sur un spectacle total, à la gloire des albums mythiques de Pink Floyd. Lorsque les lumières s'éteignent, le public est d'abord bercé par une pulsation sonore. Le son en quadriphonie emballe la foule: les effets sonores tournoient dans l'air, avant que l'immense écran ne s'allume. «Speak to Me» et «Breathe» ouvrent ce show spectaculaire. Car, pendant les quarante premières minutes, on ne verra pas le groupe, encore moins Waters. C'est avant tout une plongée envoûtante dans une époque magique, les seventies sur lesquelles Pink Floyd a régné en maître.
Les fans deviennent fébriles aux premières notes de «Fearless», qui se transforme en plaidoyer pour les manifestations de Ferguson. «Si vous n'êtes pas en colère, c'est que vous ne faites pas attention», annonce l'écran géant. Et Waters se décide enfin à prendre la parole. «Ce show est pour tous les camarades, nos frères et nos soeurs, pour ceux aussi tombés à la guerre.» Galvanisé, il balance une bonne partie de l'album «Wish You Were Here», accompagné des visuels de l'époque, avant de lancer son arme secrète: des cheminées fumantes s'élèvent derrière la scène, qui se transforme, par le biais des écrans en Battersea Power Station, l'usine désaffectée qui servit pour la pochette de «Animals» en 1977.
"Pigs" est transformée en chanson anti-Trump
L'album est joué dans son intégralité, déroutant une bonne partie du public qui en profite pour fuir. «Pigs» est transformée en chanson anti-Trump, la plupart des déclarations polémiques du candidat républicain étant affichées sur l'écran, ainsi que sur un cochon volant à son effigie. Les spectateurs républicains ont déserté depuis longtemps, outrés par les prises de position de Waters. Ce dernier se réjouit d'une telle plateforme. «Je n'ai pas souvent l'occasion de dire ce que je pense. Je demande une fois encore que cesse l'occupation de la Cisjordanie», déclame-t-il sur fond de drapeaux palestiniens. La foule rugit aux premières notes de «Another Brick in the Wall, Part 2», sans se soucier des discours ronflants du musicien. «Comfortably Numb» vient éteindre les derniers feux nostalgiques de Desert Trip. Les rockers septuagénaires ont tous prouvé qu'ils avaient encore pas mal de choses à dire, ainsi qu'une légitimité à assouvir. Tous ont cherché à ne pas se laisser emprisonner dans leurs tours d'ivoire. Le festival pourrait sonner comme une conclusion parfaite à l'aventure du rock contemporain, qui irait de Woodstock à Desert Trip. Mais pour l'heure une seule chose est sûre: let's keep rocking...
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