- Le prix Nobel de littérature 2022 a été décerné jeudi à la romancière française Annie Ernaux, a annoncé l’Académie suédoise.
- L’écrivaine de 82 ans est récompensée pour « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », a expliqué le jury Nobel.
Nobel : La Française Annie Ernaux remporte le prix « pour son courage » selon l’Académie
LITTERATURE Le Prix Nobel de littérature a été remis ce jeudi à Stockholm
Pour une surprise, c’est une belle surprise : Annie Ernaux a remporté ce jeudi le prix Nobel de littérature, décerné par une Académie suédoise qu’on annonçait plus imprévisible que jamais. L'écrivaine de 82 ans est récompensée pour «le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle», a expliqué le jury Nobel.
La surprise est belle, donc, mais grande aussi, tant un autre Français, Michel Houellebecq, ou la Canadienne Anne Carson faisaient figures de favoris pour succéder au romancier britannique d’origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah (2021) et à la poétesse américaine Louise Glück (2020).
Une académie qui défie les pronostics...
L’Académie aurait pu aussi récompenser l’auteur britannique des Versets sataniques, Salman Rushdie, victime d’une tentative de meurtre en août. Ou l’autrice russe exilée à Berlin Ludmila Oulitskaïa, adversaire déclarée du président russe Vladimir Poutine, qui aurait été un autre choix très politique dans le contexte de la guerre en Ukraine. Mais non.Le choix de l’Académie suédoise est moins politique que consesuel magré tout, tant l'oeuvre d'Annie Ernaux, d'abord couronnée en France, est de plus en plus traduite et diffusée à l'étranger, notamment Les Années, mais aussi L’événement récemment adapté au cinéma par Audrey Diwan. Ce prix s’inscrit surtout dans l’après #MeToo et l'attribution controversée du prix 2019 à l’écrivain autrichien Peter Handke connu pour ses sulfureuses positions pro-Milosevic. Réputée - et critiquée - pour ses choix masculins et eurocentrés, elle a depuis successivement sacré une Américaine et un auteur né à Zanzibar dont l’œuvre est centrée sur les tourments de l’exil et des réfugiés, l’anticolonialisme et l’antiracialisme.
... mais reste soucieuse de son image
Cette fois, le jury Nobel récompense une femme française « pour son courage », social et féministe, mais aussi, bien sûr, « pour ses qualités littéraires », l’Académie n’ayant de cesse de préciser que son prix n’est ni politique, ni soumis aux règles de parité ou de diversité ethnique, et que le seul gage est la qualité des lettres et de l’œuvre.
« L’Académie est maintenant évidemment soucieuse de son image en ce qui concerne la diversité et la représentation des genres d’une tout autre façon qu’avant le scandale de 2017-2018 », expliquait mercredi à l’AFP Björn Wiman, chef du service culturel du quotidien suédois Dagens Nyheter. « Je pense que l’on veut un nom plus connu cette année du fait de la surprise de l’année dernière », pronostiquait le journaliste à quelques heures de la remise du prix. Et il avait raison.
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