
Ephemeria, une exposition autour de l'illustrateur Miles Hyman
Miles Hyman est mise à l'honneur dans une exposition, Ephemeria I, où il plonge dans le thème qui le passionne : le temps, avec ses vibrations, ses subtilités et ses paradoxes. Capturé à travers une vingtaine de nouveaux dessins et peintures, le temps est chorégraphié par l'artiste sur les murs de la Galerie Martel, à Paris, où chaque œuvre, tout en ayant sa propre existence, contribue au rythme global de l'initiative, accessible dès le 4 octobre, jusqu'au 2 novembre.
Miles Hyman, le plus français des artistes américains diront certains, captive dès l'entrée de la galerie avec une peinture d'une femme en robe incandescente tenant un cacatoès, rappelant son Louis Vuitton Travel Book. Derrière elle, le mot Hollywood, qui était Hollywoodlandjusqu'en 1949, joue avec le concept du temps suspendu, évoquant à la fois le passé et le futur.

Courtesy Galerie Martel.
Au-delà des œuvres de son dernier livre America, Miles Hyman continue de puiser son inspiration aux États-Unis, son pays natal qu'il a quitté il y a vingt ans. Ses toiles reflètent une Amérique à la fois réelle et rêvée, teintée par ses expériences en France.

Courtesy Galerie Martel.
La série Crash en est un exemple frappant, qui montre des voitures endommagées contemplées par un cerf majestueux ou une jeune femme fantomatique, loin de la brutalité habituelle associée à ce thème.

Les lunettes de soleil, un motif récurrent dans Ephemeria I, évoquent les premières Ray-Ban et jouent un rôle crucial. Comme l'artiste explique lui-même, « en voilant les regards, je peux présenter une présence humaine dans un espace donné, sans que le spectateur puisse percevoir l'identité ou l'état émotionnel à travers les yeux. Les lunettes noires anonymisent et ouvrent l'image à l'interprétation, facilitant l'immersion ».
Une autre série montre une jeune femme seule dans un theater, un lieu qui résonne avec le faste des salles de spectacle américaines anciennes. Miles Hyman jongle entre peinture et dessin pour explorer ces thèmes de suspension temporelle : « J'ai voulu alterner peintures et dessins sur chaque mur, avec au fond une image faisant office de clé de voûte », dit-il.

Tout en se qualifiant de réaliste, Hyman admet une nuance significative : « Mon réalisme est un faux réalisme que j’utilise pour accéder à l'imaginaire. Bien que très documentés, mes dessins ne sont pas de simples documents, mais des vecteurs de ressenti. »
Ephemeria I entend incarner cette approche, invitant les spectateurs à voyager vers l'ouest, jeunes gens, dans un monde où le passé et le futur se rencontrent de manière inattendue...
Né en 1962 à Bennington, Vermont, Miles Hyman vit et travaille en région parisienne. Influencé dès son jeune âge par un environnement familial riche en arts, il s'est passionné pour le dessin, exposant dès l'âge de douze ans. Après ses études aux Beaux-Arts de Paris, il a commencé à publier des bandes dessinées chez Futuropolis en 1987, et a continué à explorer la bande dessinée et l'illustration à travers de nombreux ouvrages, dont les adaptatios de la Nuit de Fureur, de Jim Thompson, aux côtés du scénariste Matz, duDahlia Noir (Casterman, 2013) ou de La Loterie(Casterman, 2016), une adaptation de la nouvelle de sa grand-mère romancière.
Il a par ailleurs co-signé avec Jean-Luc Fromental deux thrillers d’espionnage Le coup de Prague, et Une romance anglaise chez Dupuis dans la collection Aire Libre. En 2023 il a adapté La vie secrète des écrivains, roman de Guillaume Musso chez Calmann-Lévy.
Depuis 2015, il se consacre davantage à la peinture, exposant internationalement dans des musées et des galeries prestigieux. Ses œuvres sont incluses dans plusieurs collections importantes et en 2017, il a été fait Chevalier des Arts et des Lettres par le Ministère de la Culture et de la Communication français.
Crédits photo : © Miles Hyman - Amagansett Sound_Peinture à l'huile sur lin_100x73cm-2024 - Courtesy Galerie Martel
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
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